Alpinisme

L'Aiguille du Peigne et l’Évêque par les voies Contamine

De retour à Chamonix ce mardi soir, je rejoins Corentin et Faith pour grimper le lendemain à l'aiguille du Peigne.
Malgré un réveil matinal, la queue à la benne de l'Aiguille du midi nous fais perdre presque deux heures et il est 11h quand nous arrivons finalement au pied de la voie: Contamine Vaucher en face ouest du gendarme 3078m.
L'escalade se déroule bien, les longueurs déroulent, bien que, étant trois, nous perdons quelques fois du temps aux relais.

(On se marre bien au relais! Et on perd du temps...)

Les 400m d'escalade défilent, avec quelques erreurs d'itinéraire qui nous coûteront encore du temps. L'addition de ces petits désagréments nous fait arriver à 20h au sommet, dans les nuages.

(Sommet tardif)

Nous entamons alors une descente aussi rapide que possible en rappel, rappels que nous finirons de nuit, avec une arrivée sur le névé de départ vers 23h. Une petite pause s'impose, 14h après notre dernière pause déjeuner, nous commençons à avoir faim!
S'ensuit la longue descente depuis le plan de l'Aiguille jusqu'à Chamonix, qui nous verra arriver dans une ville déserte à 2h15 du matin, adieu les projets de hamburger bien gras et de bière bien fraîche, le programme sera plus sobre: pâtes à l'huile d'olive et eau tiède...
Les journées comme ça, ça fait des souvenirs!


Quelques jours et un week end pluvieux plus tard, un créneau météo nous laisse deux jours pour retourner nous amuser par là haut, nous décidonc donc, Laurent et moi, de faire l'arête Sud Ouest de l'Evêque (3469m), un sommet situé entre l'Aiguille du Moine et l'Aiguille Verte.
Départ de Chamonix à 7h30 jusqu'au Montenvers ou je retrouve Laurent, qui a pris le train, on refait les sacs et c'est parti pour la traversée de la Mer de Glace et la montée jusqu'à la Charpoua. En route nous croisons des Belges, chargés de 30kg de matos chacun qui nous offrent le thé. Ils sont arrivés le dimanche soir au Montenvers, ont bivouaqué sur la mer de Glace, puis sous le glacier de la Charpoua le lendemain, et depuis ils se remettent de leurs émotions, après avoir trimbalé un attirail digne d'une expédition lourde en Himalaya!
Après avoir passé une heure avec eux nous retournons à nos affaires et rejoignons le pied de notre voie. Il est 14h quand nous attaquons. la première longueur est une vraie cascade et il est impossible d'y grimper, Laurent cherche une variante, fais tomber un friend, galère, bref ça commence mal. Après quelques pinaillages nous sortons des deux premières longueurs et commençons a courir dans des gradins faciles, en corde tendues, pour rattraper ce départ un peu pourri. Après quelques longueurs tirées dans ces gradins en bordures de l'arête nous rejoignons le fil de celle ci pour trouver quelques longueurs de vraies grimpe. Après de beaux passages de fissures, des traversées gazeuses sautant d'un gendarme à l'autre, nous trouvons vers 19h un emplacement de bivouac correct avec vue sur le Mont Blanc, la Mer de Glace et les filles qui, elles, sont parties faire de la highline à Tré la Porte. 

(Bivouac tout confort, un milliard d'étoiles.)

C'est alors que la Pachamama nous montre que si la montagne peut être dangereuse, elle peut aussi être magnifique. Effectivement, j'ai rarement eu la chance d'assister à un coucher de soleil aussi beau.
Après une bière bien méritée, un bon couscous et un thé avec carré de chocolat en bonus, c'est le moment d'aller se coucher, sous un ciel aussi impressionnant que le coucher de soleil qui vient de se terminer. 



Mois d'Aout aidant, nous aurons l'occasion de voir quelques belles étoiles filantes depuis notre perchoir à 3200m. Une fois la nuit bien tombée nous échangeons quelques flash de frontale avec les filles en face, ainsi qu'avec les Belges, et d'autres inconnus qui bivouaquent dans le coin.

(Joyeux matin!)


(Pas facile le réveil...!)

Le lendemain le réveil est un peu frais mais le lever de soleil sur Mont Blanc vaut le coup!
Malgré le froid, à 8h nous sommes repartis, dans l'ombre, alors que les filles en face commencent déjà à se faire dorer la pilule!

(Enfin le soleil, et une jolie vue sur les Grandes Jorasses, quelques dizaines de mètres sous notre sommet.)

Nous en finissons rapidement avec les deux cents derniers mètres jusqu'au sommet, avec notamment de belles longueurs en fissures, encore, et de beaux passages aériens. 
A 10h30 nous redescendons du sommet et attaquons la descente vers le refuge du Couvercle, au programme rappels, désescalade et descente scabreuse sur glacier avec un crampon chacun!

(Dernière longueur jusqu'au sommet.)

Avant 13h nous sommes au refuge pour boire un Coca et une bière, finir nos vivres de courses (comprendre saucissons et fromage) et redescendre vers Chamonix. Arrivé au Montenvers je laisse mon sac à Laurent, qui reprend le train, et je descend en courant sur Chamonix en faisant la course avec le train!
Une fois en bas nous croisons nos amis belges qui ont battu en retraite le matin même, craignant le mauvais temps, et qui nous invitent à partager le pichet qu'ils viennent de commander, ayant déjà fini les 6 premiers... Nous attaquons ainsi une bonne soirée de retour de montagne, en espérant y retourner bientôt...!

Photos de Laurent Lesoy et moi même.

Chamonix Jam ou les Crack Addict.


Fraichement débarqué à Chamonix Antoine me propose de partir quelques jours bivouaquer dans la combe Maudite pour faire un peu de fissures et terminer par une belle course.

Nous partons donc de Courmayeur le mercredi vers midi, chargés comme des ânes avec environ 4 jours de nourriture et 2,5l de bière, arrivée au bivouac vers 14h, installation du camp, préparation du matériel et à 16h nous étions au pied du Trident du Tacul (3639m), à l’attaque de Bonne Ethique (ED+, 200m).

(Aperçu du bivouac)




Une première longueur peu intéressante mène à une vire au départ de laquelle commence la magnifique fissure de la deuxième longueur de la Directe, 6c, où se mélangent Dülfer et jam (jam : comprendre utiliser vos pieds, genoux, mains et coudes comme coinceur humain afin de ne pas choir). Et l’apprentissage du Jam se fait bien souvent dans la douleur, même si comme le souligne Antoine en m’entendant m’époumoner : « la fissure c’est un peu le seul style ou le grimpeur émet des bruits si proche du coït. » Pour ma part je suis, à ce moment-là, assez loin dudit coït…
En troisième longueur nous retrouvons notre voie de départ et continuons donc par une succession de fissures où il sera fait appel à tout notre savoir de jameur ! Pour ma part, ce savoir étant encore relativement limité, je ferais profiter Antoine de mes grognements pendant une bonne partie de la longueur.
Le brouillard et la nuit s’invitant nous nous arrêtons là et redescendons au bivouac boire une bière bien méritée !

(Avant de redescendre du Trident, dans le haut de la dernière longueur.) 

Après une nuit bien ventée où nous avons bien cru que la tente ne tiendrait pas, nous nous levons avec le soleil aux environs de 8h, c’est l’avantage du bivouac, on peut profiter d’une « grasse matinée » dans un cadre assez somptueux.
C'est après réflexion autour d’une tasse de thé que nous décidons de gravir la Chandelle du Tacul (3561m) par la Ligne Blanche (ED+, 200m).
La voie nous proposera une très belle longueur en 6c dans des surplombs, un 7a+ délicat sur une dalle lisse, et, sous le sommet, une longueur en 6b+ empruntée à la voie Tabou se déroulant dans une fine fissure à doigt vraiment démente !.
Au sommet on profite de la vue imprenable sur le Grand Capucin, le Trident, l’arête Kufner, le Mont Maudit et le Mont Blanc.
A 16h nous sommes de retour  à la tente avec un gros creux dans le ventre, c’est l’heure de manger et d’attaquer l’apéro, devenu rituel.
A la fin de la première bière nous sommes rejoints par Laurent qui vient passer la soirée avec nous et faire la course du lendemain. Il nous amène le ravitaillement en apéro et, après avoir creusé son trou pour la nuit, rattrape vite notre avance ! Scène assez irréelle que de se retrouver ivre à 3200m sur un glacier, à 19h…

(Version du bivouac confort selon Laurent.)

 (Alcool et altitude ne font pas bon ménage...)

Le vendredi matin, réveil à 2h30 sous un magnifique ciel étoilé, un café, un thé, un peu de compote et de biscuits et c’est parti, à 3h15 nous quittons le bivouac pour entamer la traversée des aiguilles du Diable. Au programme plus de 1000m de dénivelé positif, une longue traversée passant par 4 aiguilles à plus de 4000m, pour finir au sommet du Mont Blanc du Tacul (4248m).
Nous commençons donc par remonter la combe Maudite à la lumière des étoiles, ambiance complétement lunaire avec la longue langue blanche du glacier entourée des silhouettes noires des sommets alentours.
L’ascension débute avec le franchissement de la rimaye et la remontée sur 500m d’un couloir d’abord en neige, puis en partie en glace, pour finir dans de mauvais gradins en rocher pourris.
Nous débouchons sur l’arête au moment où le soleil se lève, illuminant le Mont Blanc d’une superbe lumière orangée, faisant se dessiner les pics et les arêtes de lointains sommets à l’horizon.
Il est 6h45 lorsque nous commençons la traversée des Aiguilles par la Pointe Chaubert (4074m) que nous atteignons par une fine arête très aérienne.

(Montée à la pointe Chaubert.)

Nous continuons avec la pointe Médiane (4097m) qui sera pour moi le passage le plus difficile de l’ascension avec un dièdre très athlétique, l’altitude et la fatigue accumulée me feront passer un sale moment ! 

(Le dièdre menant à la Pointe Médiane.)

Au sommet de la Médiane nous traversons un trou dans le rocher pour trouver la ligne de rappel qui nous permettra de poursuivre la traversée.
Nous laissons de côté la pointe Carmen pour passer directement à l’Isolée, plus haute aiguille de la traversée du haut de ses 4114m. Une longueur de dalle puis une succession de fissure nous amène au sommet de cette belle aiguille d’où nous profitons encore d’une vue grandiose.

(La montée à l'Isolée)

Nous terminons l’ascension par une centaine de mètres dans des gradins faciles en mauvais rocher, pour arriver sur l’arête de neige qui nous mène au sommet du Mont Blanc du Tacul. Arrivée au sommet à 11h30 après plus de 8h d’escalade.

(Quelques mètres avant le sommet du Mont Blanc du Tacul.)

Le temps pour les deux amis guides de fumer une cigarette et nous attaquons la longue descente qui nous ramène à notre tente, en plein soleil et désormais sans eau, ce n’est certainement pas la partie plus agréable de la course !
Arrivée à la tente à 15h, nous plions le matériel et repartons en direction de la pointe Helbronner pour prendre le téléphérique qui nous ramènera dans la vallée.
A 16h30 nous arrivons enfin après plus de 13h de course.
Le retour à la réalité est assez difficile, accueilli par une cabine de téléphérique pleine de touristes, puis par l’odeur d’une chaussée tout juste goudronnée, malgré la fatigue l’envie de remonter se fait doucement sentir.


Un week-end de repos et c’est reparti, lundi matin nous prenons la benne de 8h30 Antoine et moi, direction la face sud de l’Aiguille du Midi pour faire la voie Ma Dalton.
Après quelques galères dans les rappels nous attaquons par la première longueur de la voie Mazeaud pour éviter le fameux toit en 7b+. Je pars en premier dans une belle fissure assez exigeante mais facilement protégeable, puis nous rejoignons notre voie pour la plus belle de ses longueurs, une large fissure en 7a qui fait rêver Antoine depuis longtemps.

(Première longueur de la voie Mazeaud.)

 Et le combat qui s’ensuit aura été à la hauteur de ses espérances, ça crie, ça couine, ça chute, ça y retourne de plus belle, et ça passe, chapeau ! En second, avec le sac sur le dos, le combat est à peu près le même…

(LA fissure de Ma Dalton.)

A la fin de cette longueur, qui marque la fin de Ma Dalton, nous rejoignons Balade pour Aurélia sur une longueur, puis nous nous perdons dans des lignes de fissures non répertoriées mais fort jolies, pour arriver ensuite à notre point de départ (conquérants de l’inutile vous dites ?) sous le regard amusé, parfois apeuré, des touristes. 


Photos: Antoine Moineville et Laurent Lesoy.

La Meije par l'Arête du Promontoire.

La Reine Meije, de retour sur cette magnifique montagne pour cette fois faire l'ascension de la face Sud par l'arête du Promontoire, enchaînée avec la traversée des arêtes. Une belle et longue course d'altitude sur ce mythique sommet.


(La fine équipe au départ!)

Partis à 7h du matin de la Bérarde nous attaquons la longue approche, caractéristique de la Meije, que ce soit par son versant nord ou sud, et plus généralement des Écrins, qui s'étend sur près de 9km et 1400m de dénivelé.
La marche débute par un sentier facile, relativement plat, bordé du torrent gonflé par les eaux de fonte que nous remontons jusqu'au fond de la vallée.
Au détour d'un virage, la Meije qui nous était caché jusque là surgit dans toute son immensité. 900m de paroi, une muraille de granit éclairée par le soleil du matin, qui nous laisse chacun plongé dans nos pensées, à rêver la course qui nous attend.
Une fois sur la moraine, le sentier se fait plus raide et nous gagnons rapidement en altitude.
4h après notre départ il est 11h et nous atteignons le refuge du Promontoire. Un casse croûte, un café, quelques mots échangés avec le gardien, la gardienne et les alpinistes présents, et nous repartons à l'attaque de cette arête dans l'espoir de bivouaquer au sommet.

(Au départ du refuge du Promontoire)

Nous sommes cinq et formons donc deux cordées: la première composée d'Aurélia, David et Théo, la seconde de Maëlys et moi.
Auré, David et Théo passent devant, d'abord menés par Aurélia, puis par Théo. Maëlys et moi suivons, corde tendue pour la totalité de l'ascension.
Le rocher est magnifique et l'escalade facile, nos deux cordées fonctionnent bien et la progression est régulière, quoi qu'un peu ralentie par le poids des sacs et la recherche de l'itineraire, pas toujours évident dans cette immense paroi.

(Quelques mètres avant le bivouac.)


Nous passerons d'ailleurs un moment délicat lorsque, étant parti trop à droite, nous nous retrouvâmes face à un pas bien plus dur qu'annoncé sur le topo. Parti en tête, je me suis fait une belle frayeur en me retrouvant dans un passage légerement deversant et péteux n'offrant que très peu de protections. Finalement nous retrouvons l'axe de la voie et continuons la progression.

A 19h30 nous nous arrêtons peu avant le glacier Carré sur une vire offrant un bon emplacement de bivouac, orienté plein ouest, ce qui nous promet un superbe couché de soleil! Le poids des sacs et les quelques détours dans la voie nous aurons fait perdre le temps nécessaire pour atteindre le sommet ce soir, ce sera pour demain.
On s'installe sur ce qui sera notre salon-salle à manger-chambre pour la nuit et c'est le moment de sortir la bonne pitance! Pain, saucisson, fromage, bière (pas indispensable dans le sac certes, mais tellement bonne après 2000m de dénivellé dans la journée!) et fruits secs au menu ce soir.
Une bonne soirée en altitude, entre amis, comme on les aime, rythmée par les va et vient de la mer de nuage sous nous.
21h30 tous au lit, demain réveil à 5h pour la fin de la course. Le ciel est grandiose et la nuit calme, instants hors du temps.

(Au bivouac.)


Pendant la nuit Maëlys souffre du mal des montagnes et n'est donc plus en mesure de continuer la course. Le matin nous nous séparons donc après délibération, je descendrais en rappel les 700m de voies gravies hier pendant qu'Aurélia David et Théo finiront la course.
Ils auront des conditions parfaites sur la traversée des arêtes, accompagnée d'une météo qui n'aurait pu être mieux, ils sont ravis. Leur journée se termine par la pénible descente du refuge de l'Aigle, longue et raide, une épreuve pour les cuisses après les deux jours que l'on vient de passer.
De notre côté la descente est pénible mais tout se passe bien. Rappel après rappel Maëlys retrouve forces et lucidité.
Après 5h de rappel nous arrivons au refuge du Promontoire ou nous racontons notre ascensions au gardien, qui nous donne de précieux conseils pour la prochaine fois. Nous attaquons ensuite la longue descente qui nous ramène au camion.
Arrivée à 19h30, une baignade dans l'eau glacée du torrent pour dégourdir les jambes et nous allons chercher les copains à Vilar d'Arène.

Retour maison à 2h du matin, pour aller immédiatement casser l'oreiller!

Merci les amis pour ces moments partagés là haut.

(Les copains au sommet du Grand Pic.)



La Meije par le Gravelotte.

Au départ nous devions répéter la highline du Grépon ouverte par les Skyliners, mais petit à petit les copains ont dû se décommander. On c'est donc retrouvé à deux, Aurélia et moi avec une question: on fait quoi?
Un coup d’œil sur Les 100 Plus Belles de Rebuffat lors d'un passage sur le trône et la réponse était trouvé: on va à la Meije faire le Gravelotte et le Z!
C'est la fin de la saison, on ne sait pas trop comment sont les conditions mais on se dit qu'on verra sur place.
Nous avons chacun des obligations en ce début de semaine, Festislack et déménagement dans les Pyrénées pour moi, et nous convenons donc de nous retrouver le mardi 3 septembre dans l'après midi à Villar- d'Arêne pour monter au refuge de l'Aigle.
J'arrive donc très fatigué ce mardi après avoir couru 3 jours durant pour tout faire rentrer dans le planning. Je verrais par la suite que quand la forme n'y est pas, mieux vaut ne pas y aller plutôt que de regretter d'y être!
Aurélia me rejoint, nous trions le matos, faisons les sacs et partons vers 17h du parking.
Il faut savoir que le refuge de l'Aigle est un refuge qui sait se faire désiré, avec plus de 1700m de dénivelé pour l'atteindre, nous savons que 5h de marche au moins nous attendent! Nous attaquons donc d'un bon pas, puis Aurélia continue d'un bon pas pendant que je m’essouffle petit à petit.
Après 5h de marche nous arrivons donc au refuge, moi dans un piteux état, vers 22h30. Nous rencontrons devant la cabane deux cordées de grimpeurs venues du refuge du Promontoire et qui ce sont légèrement perdu durant l'ascension de la face Sud..!
On mange un bout et dodo dans cette petite cabane, qui sera réhabilité quelques jours plus tard, nous profitons donc de dormir dans ce refuge perché à 3400m qui aura vu passer tant de beau monde, de réussite et de tragédies.

                                           (Le refuge de l'Aigle, ancienne version.)

Réveil à 3h, petit déjeuner frugal et départ à 3h30. Nous traversons le glacier du Tabuchet en direction du Col du Serret du Savon pour prendre ensuite pied sur le glacier de la Meije. A cause de notre arrivée tardive nous n'avons pu aller repérer le passage du col et le regrettons amèrement! En effet nous ne trouverons jamais ce passage et ferons une acrobatique partie de désescalade dans du rocher pourri pour atterrir au dessus de la rimaye. Rimaye dans laquelle je manquerais de peu de finir au fond après une erreur d'inattention en cramponnant.


Arrivé à ce stade, la fatigue se fait énormément sentir pour moi avec déjà quelques erreurs d’inattention, et nous décidons de ne pas faire la voie du Z mais plutôt de nous rabattre sur le couloir Gravelotte, moins technique.
Le départ étant très sec nous prenons une variante de départ sur la gauche, une petite goulotte étroite et raide en glace et mixte, très belle.

                                                      (Variante de première longueur.)

Puis nous prenons pied dans le couloir, c'est parti pour 500m de neige et glace! Aurélia, cette machine, gardera la tête tout du long, car je ne suis vraiment pas en état de grimper en réversible. Les longueurs de 90m en corde tendue s'enchaînent, les mollets sont en feux, la voie est majeure et le paysage grandiose.




Le vide se creuse coups de crampons après coups de crampons et après quelques longueurs nous décidons de laisser tomber la glace et de bifurquer sur un éperon rocheux, solution qui nous parait moins fatiguante. C'est donc parti pour quelques longueurs de rocher facile qui nous mèneront à une dernière longueur de neige dure qui aboutie à la brèche Zsigmondy. Petite pause à environ 3900m, abricots secs et quelques biscuits, puis c'est reparti dans du rocher pour les deux dernières longueurs qui nous mènent au sommet, avec un petit passage délicat qui mettra Aurélia en légère difficulté, ça me rassure, elle est humaine!


Ca y est, le sommet! Panorama superbe sur les écrins, la Barre, le Dôme, le Rateau... Petite sieste à presque 4000m et c'est parti pour la descente.

                                                    (Aurélia qui pique un roupillon à 3982m.)

Nous avons choisi d'effectuer la traversée des arêtes de la Meije pour rejoindre le refuge, c'est donc le début d'une longue balade à près de 4000m, sur le fil des arêtes, avec les 1000m de gaz de la face Sud sur notre droite.

                                                    (Traversée des arêtes de la Meije.)

Retour au refuge à 18h30 après 15h de course, on fait péter le camembert, deux lyoph', on discute avec les copains rencontrés la veille au soir qui ont passé la journée au refuge et dodo! Demain c'est la redescente.



Au final, même si la forme n'était pas au rendez vous, cette première vraie incursion dans le monde de l'alpinisme m'aura beaucoup appris et l'envie de retourner là haut me démange les pointes avant!

Nous profiterons de la descente pour faire le plein de génépi, en se promettant de le déguster comme il se doit, car il a été largement mérité!

Photos: Aurélia Lanoe

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